le fleurissement raisonné des villes
Zéro-phyto vous propose ce guide du fleurissement “alternatif” des villes. Son élaboration repose sur
des constats et sur des expériences récemment engagées ou développées avec succès. Rien n'est imposé,
tout est proposé afin de finaliser ce qui pourra être le fleurissement de demain, un fleurissement Durable et Désirable. Le dialogue reste donc à poursuivre et de nouveaux
partenaires devraient peu à peu s'y joindre.
D'un fleurissement purement esthétique, nous vous invitons à passer progressivement à un fleurissement raisonné gardant dans l'esprit cette recherche du beau tout en respectant, voire en restaurant les équilibres naturels, et surtout s'intégrant au paysage local, urbain ou rural, qui en constitue la toile de fond.
A vos pinceaux et à vos graines! La palette végétale fournie dans ce guide devrait vous aider dans votre créativité et donnera un coup de pouce, soyez en sûr, à la nature qui nous entoure.
Adaptation et patience seront les principales qualités nécessaires pour réussir un fleurissement nouveau, qui finalement ne l'est pas tant que cela.
Il nous faut probablement simplement réapprendre la nature !
Fleurir autrement?
Les constats négatifs quant à l’état de notre environnement et l’importance des risques sont nombreux.
Différents facteurs interviennent dans le déséquilibre des écosystèmes y compris l'écosystème urbain.
Outre la perte de biodiversité, il est aussi question de santé publique.
EROSION ACCÉLÉRÉE DE LA BIODIVERSITÉ
Si l’on n'y prend pas garde, les espèces aujourd'hui considérées comme communes
(qualifiées d'herbes folles ou encore de mauvaises herbes) seront menacées de
disparition à leur tour dans quelques années.
Sur 1 264 espèces de plantes vasculaires, 360 sont menacées ; sur 55 espèces
de mammifères, 17 sont plus ou moins gravement menacées de disparition ;
sur 15 espèces d'amphibiens, 8 sont menacées.
(source : Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas de Calais).
DIVERSES POLLUTIONS
L'agriculture, souvent montrée du doigt, n'est pas la seule source de pollution. Celle-ci émane aussi des zones non
agricoles : espaces verts privés, espaces verts publics, zones d'activités économiques... Nous en sommes tous
responsables, soit directement par l'utilisation des produits incriminés, soit indirectement en réclamant une
certaine forme de fleurissement induisant le recours à ces produits. Ces pollutions ont des effets néfastes sur
la santé humaine : pesticides dans les foetus humains, dans le lait maternel, dérèglements hormonaux constatés chez
des agriculteurs américains, problèmes respiratoires... auxquels s’ajoutent de lourds problèmes de qualité de l'eau
(pollution à l'azote et au phosphate).
Tirons les enseignements qui s'imposent : fleurir autrement, c'est pratiquer un fleurissement raisonné respectueux
des équilibres naturels qui sont un gage de durabilité dans les milieux naturels, les espaces verts et jusqu'aux recoins
les plus minéraux de nos villes.
Fleurir en respectant les équilibres naturels ?
Les pratiques développées aujourd'hui en espaces verts, et particulièrement en matière de fleurissement,
ne sont pas toujours compatibles avec le respect des équilibres naturels et la préservation de la biodiversité :
UN TRAVAIL AXÉ SUR LE VÉGÉTAL ...
... sans prise en compte de la faune et notamment des auxiliaires. Or, les équilibres naturels passent aussi par la faune
au travers des réseaux trophiques et des chaînes alimentaires. Le premier maillon en est certes le végétal mais il est
en interaction et en interdépendance avec les maillons suivants. Ce sont ces chaînes alimentaires qu'il conviendrait de
respecter, voire de restaurer, par des aménagements précis et par une gestion adéquate.
L'UTILISATION FRÉQUENTE DE VARIÉTÉS HORTICOLES
La flore sauvage est plus attractive pour la faune. En favorisant les variétés horticoles, on aboutit à un milieu appauvri
en biodiversité et on augmente les traitements phytosanitaires et les arrosages.
LE NON-RESPECT DE L'ÉCOLOGIE DE LA PLANTE
Qu'il s'agisse de variétés botaniques (sauvages) ou horticoles, il faut respecter la physiologie et l'écologie de la plante
pour limiter les ravageurs et les maladies, mais aussi pour économiser l'eau ! Pour ce, utilisez des plantes rustiques,
adaptées aux sols et au climat de notre région et respectez leurs exigences vis-à-vis de la lumière.
Si une plante tombe malade, c'est très certainement parce que le milieu dans lequel elle a été introduite ne lui convient
pas. Posez-vous alors la question : un équilibre naturel a-t-il été rompu ?
UNE MAUVAISE UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES
et un gâchis de l'eau liés à certaines techniques de végétalisation...
On peut prôner le tout naturel. On pourrait proposer l'arrêt de la mosaïculture qui nécessite eau, engrais et lutte
chimique mais ce serait aller à l'encontre de la volonté de fleurir la ville et de rendre agréable cet univers minéral.
Pourtant, il est question ici de réduire les pollutions d’origine phytosanitaire. Le choix des espèces est alors primordial,
tout comme l'acceptation de la maladie et/ou du parasite jusqu'à un seuil de tolérance. Cela n'est pas encore dans les
moeurs et mentalités mais permettrait de réduire considérablement l'utilisation des produits phytosanitaires.
Toutefois si aucun remède naturel n'est applicable, on utilisera en ultime recours un produit chimique en respectant les
doses préconisées et en suivant les conditions d'application afin de se protéger soi-même. On pourra aussi se demander
pourquoi il a fallu en arriver là, n'y a-t-il pas un déséquilibre quelque part ?
LE NON RESPECT DES PRINCIPES DE PHYTOSOCIOLOGIE et d'associations de plantes
Au potager, c'est bien connu, certains légumes forment de bonnes associations tandis que d'autres ne se supportent
pas. On parle de cultures associées. On peut profiter de l'influence bénéfique que certaines espèces ont sur d'autres
grâce à des substances sécrétées par les racines, par exemple. Ce principe de culture biologique est basé sur une notion
de phytosociologie selon laquelle les plantes sont organisées en communauté. En matière de fleurissement, ce même
fondement écologique s'applique tant et si bien que des associations respectant les affinités des plantes entre elles,
non seulement facilitent la gestion et réduisent les atteintes à l'environnement, mais permettent aussi d'arriver
à un résultat bien meilleur, et à des compositions plus dynamiques et vivantes.
DES PLANTES VIVACES SOUVENT DÉLAISSÉES
La plante annuelle est la plante "reine" en fleurissement, mais son utilisation
nécessite beaucoup d'entretien et un renouvellement permanent. Que de temps,
d'argent et de possibles pollutions pour des plantes qui ne fleuriront qu'une année !
Sans vouloir leur disparition, pourquoi ne pas trouver le compromis idéal? Les
plantes vivaces, quant à elles, occupent progressivement l'espace et offrent des
niches écologiques variées. Elles sont plantées une fois, parfois déplacées mais
beaucoup moins renouvelées que les annuelles. Un bon choix passe évidemment
par des variétés rustiques et si possible locales pour dynamiser l'écosystème du
massif fleuri.
DES INTERVENTIONS ANNUELLES
qui ne tiennent pas compte des cycles biologiques
Tout comme les chaînes alimentaires, les cycles biologiques sont importants pour les équilibres naturels. Ces cycles
comportent : la montée en graines, la nidification, la ponte des insectes, l’hivernage... . Ne retirez pas trop tôt les
annuelles, ne rabattez pas trop tôt non plus les vivaces. Laissez des niches écologiques, nettoyez les massifs au début
du printemps lors des plantations d'annuelles comme à Sailly-sur-la-Lys (ce qui favorise les insectes auxiliaires).
L'ABSENCE, EN GÉNÉRAL, DE FILIÈRES DE RECYCLAGE des végétaux et déchets verts
Certaines pratiques existent néanmoins. Par exemple, certaines communes offrent aux particuliers des annuelles
retirées des massifs et pouvant encore fleurir, des végétaux divers, collectent des déchets en vue d'un compostage
collectif, ou incitent et aident au compostage individuel...
Le devenir du végétal et son recyclage font aussi partie du fleurissement de la ville !
LE FLEURISSEMENT CHAMPÊTRE
Un fleurissement en harmonie avec le paysage : trop de couleurs, trop d’organisation, un ultra interventionisme
finissent par dénoter et trancher sur le paysage ambiant, surtout en zones périphériques, en milieux semi-ruraux
et ruraux. Dans certains cas, un retour à la simplicité et au naturel s’impose et les mélanges champêtres associant
graminées et fleurs sauvages offrent la possibilité d’un fleurissement naturel, paysager et écologique dans son
organisation et son évolution année après année, loin donc de la pratique de la mosaïculture.
Fleurissement de Prestige sur le parking de la mairie :
alchémille, valériane officinale, sédums...
Ce fleurissement fait donc appel aux variétés sauvages, locales. L’accent est mis sur l’attrait écologique de
la composition végétale (aspect conservatoire pour la flore en danger, attractivité pour la faune locale).
Placées en périphérie de ville, en zones peu fréquentées (semi-rurales, rurales), ce fleurissement participe au maillage
vert de la cité : croissant vert et randonnées, corridors biologiques.
Une porte d’entrée pour l’Education à l’Environnement avec les écoles notamment…La nature est un grand terrain
de découverte, d’éveil et d’apprentissage. Les espaces verts et les espaces fleuris en tant qu’éléments de notre
environnement peuvent aussi avoir ce rôle “nouveau” d’Éducation à l’Environnement. Le choix des variétés est alors
important, les phénomènes de la nature (facilement observables) ne se manifesteront que si la composition végétale
est équilibrée. Les facteurs intervenant sur cet équilibre sont : le sol (la nature du sol détermine le type de plante),
la luminosité (plantes d’ombre, plantes de lumière), l’origine des semences et plantes (origine locale vous l’aurez
compris !) et les associations (respect des cortèges phytosociologiques).
Aménagements et stratégie de communication
Des aménagements "modèles" comme la prairie fleurie (certes horticole) de la photo
ci-contre, permettent par leurs multiples couleurs, d'égayer et de charmer les
habitants tout en maintenant des variétés spontanées comme le chénopode et la
renouée persicaire. On ne peut en effet se permettre d'introduire dans les parterres et
massifs ces variétés sauvages à cause des réactions négatives qu'elles susciteraient
(impression de manque d'entretien). Mais, nous avons là deux plantes très intéressantes
d'un point de vue écologique.
Une signalétique adaptée : pour expliquer les changements qui s'opérent, la communication
sur site est primordiale. Elle passe par une signalétique type panneaux d'explication, de présentation de site, plaques d'arboretum...
Fleurissement et verdissement vertical
Fleurir et végétaliser le milieu urbain atteint
rapidement ses limites. De nombreuses contraintes
sont imposées par le caractère minéral de nos cités et
le manque de surface verte, pour des impératifs de
sécurité ou encore par les aspects économiques...
Les solutions envisagées (jardinières, vasques,
suspensions...) induisent une surutilisation de produits
de traitement ainsi qu'un surarrosage, pratiques
peu écologiques.
Comment agir alors pour poursuivre l'effort
d'embellissement et de "renaturation" engagé, pour
accompagner les politiques touristiques (accueil du
public) et environnementales (trame verte).
Il semblerait, au regard des expériences développées
par plusieurs villes (Lille, Roubaix, Villeneuve d'Ascq,
Faches-Thumesnil), des incitations auprès des commerçants
(restaurants, fleuristes) et des particuliers, que
les plantes grimpantes apportent une solution
intéressante.
Petit catalogue des fleurs sauvages
Voici un panel non exhaustif de plantes sauvages pour un
fleurissement de ville esthétique et raisonné. Certaines ont
fait leurs preuves, les autres sont à tester sans toutefois trop
de risques. Expérimentez, mélangez, variez les couleurs et les
plaisirs, laissez parler votre imagination et soyez créatifs.
Votre palette des possibles s’enrichira peu à peu !
LES ANNUELLES
LES BISANNUELLES
LES VIVACES