Avant propos
La biodiversité n'est pas seulement menacée en
Amazonie, elle l'est aussi dans notre pays, dans
notre région, dans notre jardin…En quelques
années seulement, le nombre d'espèces végétales
et animales s'est considérablement appauvri du
fait, en particulier, de la disparition de leur
habitat. C'est ce qu'on appelle l'érosion de la
biodiversité. Elle est due en très grande partie
aux activités humaines (loisirs, agriculture,
urbanisation …). Il apparaît clairement que
CHACUN d'entre nous a une part de responsabilité,
mais aussi que, par de modestes actions
ponctuelles, il peut contribuer au maintien ou à la
reconstruction de cette biodiversité menacée.
Le propos de ce guide est d'aider chacun à
composer un fleurissement plus écologique de son
jardin. Faisons évoluer cet espace qui, tout en
embellissant notre cadre de vie, permettra de
reproduire un milieu naturel favorable à l'équilibre
de la flore et de la faune. En France, on compte
un million d'hectares de jardin contre 350 000
hectares de réserves naturelles et parcs nationaux.
Chacun a donc un rôle important à jouer. On parle
aujourd'hui de trame verte1 et bleue2 urbaine :
les jardins privés peuvent y participer et
compléter le maillage qui prend naissance avec
les espaces publics.
Les plantes proposées ici sont des variétés sauvages et ont été sélectionnées pour leurs
attraits écologiques et ornementaux. Le catalogue qui suit vous donnera un aperçu des
possibles. À vous de le compléter par vos expérimentations !
Pour vous procurer ces jolies sauvageonnes, une liste de pépinières est fournie. Mais
attention ! Les pépiniéristes ne possèdent pas tout … Organisez-vous, pensez aux réseaux que nous mettons à votre disposition pour vous informer, collecter, échanger ...
Peu à peu votre panel de semences s'étoffera.
De l'utilité écologique à l'utilisation quotidienne des plantes sauvages.
Les plantes que nous mettons en avant dans
ce guide ont non seulement un intérêt
écologique indéniable mais certaines
d'entre elles peuvent aussi intervenir dans
notre quotidien.
Certaines se mangent … Avez-vous déjà
mangé des fleurs ? Probablement. Souvenezvous
des pétales de violette cristallisés,
une référence toulousaine. Vous connaissez
aussi certainement les graines de coquelicot
utilisées en pâtisserie, et peut-être moins
les pétioles d'angélique confits.
D'autres plantes soignent comme le
tussilage (Tussilago farfara) qui soigne
(lago) la toux (tussi).
Les associations plantes sauvages et légumes
En associant fleurs sauvages et légumes vous obtenez des parterres un peu particuliers.
Les légumes ne sont pas présents dans un souci de production mais d'esthétisme (tant mieux
si on peut les manger !). Laissez pousser le maïs, les oignons, l'ail, les salades, la ciboulette,
la coriandre ou la chicorée … Leurs fleurs rivaliseront avec les onagres, compagnons, ou
valérianes et vos parterres surprendront agréablement vos proches.
Certaines villes comme Lausanne le font, pourquoi pas vous ?
Cette pratique est à la croisée d'une notion
bien connue en jardinage bio : le compagnonnage
ou l'association de plantes.
Cela permet de profiter de l'influence
de certaines espèces sur d'autres (effet
protecteur, répulsif …) et d'occuper l'espace
au mieux : en profondeur, en hauteur et
horizontalement ainsi que dans le temps
(faire se succéder des plantes à cycles de
développement différents).
CATALOGUE DE PLANTES
Quelques principes de culture au jardin naturel
Principe de base : renoncer à l’emploi de produits chimiques, qu’il s’agisse d’herbicides,
d’insecticides ou d’engrais. Ils peuvent facilement être remplacés par des traitements ou des
engrais naturels abondamment décrits dans tous les livres de jardinage biologique (voir
références bibliographiques) . De plus, par définition, les plantes sauvages sont spontanées
(elles poussent toutes seules) donc ne nécessitent pas de traitement.
SEMER
Comme pour les semis de légumes, la terre est remuée, les mottes sont brisées et émiettées,
le sol bien égalisé, les plantes adventices et leurs racines extirpées. La terre remuée et
aérée retient mieux l’eau et est pénétrée plus facilement par les jeunes racines.
Un sol nu, sans végétation, supprime la concurrence avec des plantes tierces et donc limite
les pertes.
La méthode la plus simple est de semer les graines au printemps et/ou en septembre,
directement à l’endroit où l’on désire voir pousser les plantes. Les graines sont simplement
dispersées sur le sol à la main (à la volée). Elles peuvent être légèrement enfouies en
passant un coup de râteau, pour les retirer notamment de la vue des nombreux animaux qui
pourraient s’en nourrir. Mais attention ! Une règle d'or : ne jamais enfouir profondément
les graines. De plus, il est préférable de tasser la surface de la terre pour assurer une bonne
adhérence des graines avec cette dernière. Ensuite, il n’y a plus qu’à les regarder pousser.
Vous aurez toujours tendance à semer trop par rapport à la place que vont prendre les
plantes adultes (normalement 3 à 5 g/m2 ). Une concurrence entre les plantules se mettra
en place. Un conseil : étalez vos semis dans le temps pour avoir une belle floraison.
La transplantation (repiquer) des
plants les plus compétitifs dans un
autre endroit sera donc nécessaire
pour rentabiliser au mieux vos semis.
De même, les plantes à développement
lent seront de préférence
plantées (achat des plantules) et non
semées (ex. : Centaurée jacée,
Origan, Sauge des prés, Primevère …),
mais l'opération est plus délicate.
Quelques principes de culture
au jardin naturel
Guide des plantes sauvages - juin 2003 13
PLANTER ET TRANSPLANTER
Que ce soit une plante à développement rapide à transplanter (quand c'est nécessaire)
ou une plante à développement lent à planter (au printemps), la technique est la même.
• Déterrer (ou dépoter) la plante avec toutes ses racines.
• Placer la plante avec sa terre dans un trou plus grand préalablement garni
de terreau et/ou de compost.
• Bien arroser.
RÉCOLTER
L'arrachage de plantes dans la nature est à proscrire dans la très grande majorité des cas.
Cependant vous pouvez récolter vous-même leurs semences si quelques règles de base sont
respectées. Choisissez des sites proches de chez vous. Lors de la récolte de semences,
ne pillez pas le site, prélevez juste une petite partie des graines présentes. Pour la récolte
de plants, choisissez des sites qui vont être détruits ou bâtis (friches, terrain à bâtir, tracé
d'une route …).